Le Canut a écrit :A la demande unanime de la Taupe, voici un bref résumé d'une marque, plus récente, aujourd'hui disparue : Alpine. Pas vraiment une concurrente (encore qu'il y ait quelques points communs) mais une autre marque, d'où le titre.
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Alpine, c'est d'abord un homme, Jean Redelé, disparu il y a peu. Ce Dieppois, après des études à HEC, reconstruit en 1946 la concession Renault de son père. Il était alors le plus jeune concessionnaire de la marque. Manquant de voiture à vendre (2 ans de délais chez le fabricant), il élargie ses activités à la revente et la réparation de l'immense parc de matériel laissé par les américains (Dodge, GMC, Chevrolet).
Mis au défis par un confrère de Peugeot qui lui affirma qu'une 203 était plus rapide qu'une 4CV, ils firent une course entre Rouen et Dieppe. Les employés des 2 garages bloquant les intersections pour "garder" la route libre... La 4CV arriva première. Puis d'autres courses ont suivi, le Monte Carle rapidement.
Un petit mot sur cette 4CV, projet né en 1940 dans le plus grand secret. Le premier prototype roule en Décembre 42. La Gestapo n'en pris connaissance qu'en Mai 43. En 1946, elle était présentée au Salon de l'automobile de Paris. Il s'en fabriquera plus d'un million jusqu'en 1961...
Avec cette auto, Jean Redelé enchaine les courses, 24 h du Mans, 1,000 miles etc... Homme d'affaire avisé et très bon mécano, il rachète la licence Claude et arrive à loger 5 vitesses dans une boite 4. En 1953, il triomphe encore aux 1,000 miles (Bréscia - Rome - Brescia) à 106 Km/h de moyenne sur 1,600 Km. !!!! Les courses s'enchainent, Liège - Rome - Liège, Coupe des Alpes... Il devient connu et son rêve prend corps petit à petit : devenir constructeur.
Sur une base de 4CV, il fait fait des dessins d'une "Redelé spéciale", c'est à dire une voiture de course sur une base 4CV, plateforme et mécanique. Après un premier projet à carrosserie en alu vendu à un américain, un second projet est lancé avec les frères Chappe. Carrosserie légère en stratifié polyester, le Coach Alpine A106 mille miles est né en 1956. Alpine et Mille Milles en souvenir des nombreuses courses gagnée, 106 car les mécaniques et plateforme de Renault était des R1063.
Bon commerçant, ils présente 3 autos à la presse : une bleue, une blanche et une rouge !!! Les chiffres laissent rêveur : 4 cylindres 74 cm3, 42 CV, le tout pour 824,000 francs.
Si les difficultés financières sont toujours là, les courses continues, les victoires s'accumulent. 1957, sous une pluie diluvienne, elle gagne dans sa classe la Mille Miglia à 109 Km/h de moyenne
En 1957, apparait l'A108 qui sera déclinée en plusieurs versions, cabriolet, coupé et bien sur coach. Il en coutait de 1,095,000 à 1,750,000 francs suivant les versions et les motorisations. En comparaison, une Abarth 850 coutait 1,680,000 fr, une Ferrari 250GT, 7,100,000 fr, un Austin Healey Sprite, 1,195,000 fr. Il était donc possible d'acquérir une vraie sportive française pour un prix relativement abordable. Et il était toujours possible de commander des options courses, voir de faire préparer ses voitures par des spécialistes type Mignotet.
1963 est l'année de lancement de la fameuse A110 qui marqua l'histoire et l'apogée de la marque, sur une base de la mécanique R8 qui venait de sortir. En 13 ans, le modèle n'a cessé d'évoluer, passant de 993 cm3 à 1,800 cm3 en 1973, l'année du Championnat du Monde. Il y en eu de multiples versions disponibles à la vente, 1100, 1300 1300G et S, 1600S etc... Ce modèle est à la base du mythe Alpine et il est étonnant de voir la popularité de cette voiture 40 ans après, même auprès des plus jeunes.
Dès 1968, Alpine planchait sur un nouveau dossier, l'A310, plus grande et plus spacieuse, et donc plus de place pour le moteur, toujours en porte à faux AR. Il espérait pouvoir y loger les 8 cylindre du PVR en préparation. Un prototype est présentée à Genève en 1971 alors qu'Alpine vient d'investir dans une nouvelle usine. Faute de pouvoir attendre le PVR, l'auto se contente du 4 cylindres de la R16 TS. Pour payer les traites de la nouvelle usine, Jean Redelé décide un lancement rapide alors que le prototype a encore que très peu roulé. Renault peinera à suivre dans les approvisionnements, notamment pour les boîtes, et la mise au point a été beaucoup trop rapide. Il en résultera beaucoup de problème aux premiers clients, en particulier, l'échappement ne tenait guerre plus de 20,000 Km.
Puis 1973 arrive, le premier choc pétrolier, qui bouleverse le monde automobile. Renault rachète Alpine qui devient Alpine Renault. Le PVR n'en fini plus de se faire attendre, perd 2 cylindres dans l'histoire. Enfin, 1976, l'Alpine reçoit son 6 cylindres. Très décrié, ce moteur est finalement assez bien conçu et font de l'auto une grande routière pleine de qualité. La dernière A110 est produite, Alpine devient une marque de voitures de grand tourisme. L'A310 ne cessera aussi d'évoluer et de s'améliorer au fil des années jusqu'à la superbe version pack GT de 1981.
1984, la 310 disparait au profit de la Renault Alpine GTA. Vous noterez que le nom d'Alpine vient en 2°, en petit caractère. Un signe, Alpine est devenu qu'un modèle de la gamme du constructeur généraliste. Les principes Alpine sont conservés : chassis poutre, caisse polyester, moteur en porte à faux AR.
Hélas, 3 fois hélas, si l'auto n'est pas foncièrement mauvaise, elle est d'une finition assez relative, les matériaux intérieurs de qualité économique, le tout vendu aux prix des autos de grand tourisme allemandes. Alors, avec une budget équivalent, les clients potentiels ont préféré la Porsche à la Renault. Et puis, au point de vue image, il n'y a pas photo entre les 2 marques.
En 1991, les ventes de la GTA étant tombées si bas, elle est remplacée par l'A610. Le nom Alpine revient, mais bien tard. Par manque de moyen, elle ne se démarque que peu de la GTA, par contre, le prix grimpe de plusieurs crans, mais Renault vise la clientèle de prestige !!! Le résultat ne s'est pas fait attendre, une catastrophe. Dès 1992, les ventes s'effondrent et après 2 ans de coma, la dernière Alpine est produite en 1995.
Si l'A610 était aussi une bonne auto, ce n'était jamais qu'une GTA restylé et améliorée. Pas de quoi justifier l'augmentation de prix vertigineuse entre les 2 modèles. Quand à ressortir le nom d'Alpine après l'avoir fait disparaitre ???? La version la plus abouti sera la version Le Mans.
Alpine, enfin, ce fut aussi la mondialisation avant la lettre puisqu'elle fut construite en Espagne (Fasa), au Mexique (Dynalpine) et même en Bulgarie (Bugalpine)
Parler Alpine, c'est aussi parler les courses d'endurance, le Mans en particulier où elles ont beaucoup couru et se sont souvent illustrées. Mais c'est un autre chapitre de l'histoire, à écrire.
Enfin, on ne peut passer sous silence l'éternel serpent de mer de la renaissance d'Alpine. On a parler de projet de grand tourisme sur base Nissan (on se demande le rapport avec l'histoire Alpine), de petite sportive abordable faire avec un maximum de pièces existantes, projet plus réaliste et plus proche de l'origine. Et puis, le soit disant obstacle du nom Alpine en UK qui appartient à Peugeot.
Malheureusement, tout ces espoirs ne correspondent pas à la stratégie un constructeur de plus en plus "low cost" qui fabrique maintenant 60% de ses véhicules en dehors de France.
Vous avez dit constructeur Français ?